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R. Oui, je savais cela. Avril proposa l’affaire à Fréchard de ma part. J’en parlai à Fréchard après Avril, mais Fréchard me dit que cela ne lui convenait pas.

D. Fréchard prétend que cette offre lui a été faite dans un cabaret ?

R. Cela est possible, car Avril a fait la proposition deux fois, mais une fois sans mon ordre.

D. Le projet d’assassinat a-t-il une date ? (Silence.) Qui d’Avril ou de vous a eu l’idée première du crime et a fait la première ouverture ?

R. Je ne m’en souviens pas au juste.

D. Dans la matinée du 14 décembre, êtes-vous sorti du garni avec Victor Avril ?

R. Oui, à onze heures, nous avons été déjeûner à une barrière voisine de la Courtille. Nous sommes restés jusqu’à midi et demi.

D. Vous aviez dû vous munir des moyens de mettre à exécution votre affreux projet ? Vous aviez un carrelet ? qu’avait-il, lui ? allait-il pour vous aider ? quels étaient les conventions, les rôles distribués ?…

R. Les rôles avaient été distribués tels qu’ils ont été joués. Nous avons rencontré Chardon dans le passage, après avoir frappé inutilement chez lui. — Nous sortons de chez toi, lui dis-je. Il nous répondit : Alors, remontons. Nous remontâmes. Avril entra le premier, moi le second, Chardon le dernier. Avril était sans armes, il est vrai ; mais, lorsque Chardon est entré dans le petit cabinet, il lui tint quelques propos insignifiants, et, selon nos conventions, il lui sauta à la gorge et lui serra le cou. Tandis que je le frappais par derrière à coups