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tantanément un changement de scène. On annonça à Lacenaire qu’il allait provisoirement être retenu dans la prison de Beaune. Il se récria violemment, et demanda qu’on le confrontât avec l’imposteur qui l’accusait d’user d’un faux nom. Alors, on finit par où on aurait dû commencer, et le procureur du roi survenant, lui demanda son passeport. C’était là ce qu’il craignait le plus. Il affirma, — ce qui était vrai — que pressé de quitter Dijon, il l’avait laissé dans un sac de nuit, à l’hôtel du Parc. Le juge ne le croyait plus, et l’engagea, pour la forme, à écrire au plus vite à Dijon, en l’assurant qu’aussitôt son passeport arrivée on le relaxerait, et le chef du parquet lui annonça qu’il allait lui-même écrire pour hâter l’expédition de cette pièce. — C’était le dernier coup !

Le prisonnier connaissait les us et les coutumes de la justice, il vit aussitôt qu’il était perdu, et que la prison ne le rendrait qu’à l’échafaud. Il courba la tête. En province, où le moindre événement excite des volumes de commentaires, et où chacun veut mettre son grain de sel dans le plat commun, quelques habitués de l’hôtel du Parc assurèrent l’avoir vu en conférence le matin de son arrivée avec un autre faussaire arrêté la veille. C’était faux. Au bout de quelques jours, Lacenaire apprit que le procureur du roi, loin d’avoir trouvé son passeport à Dijon, avait, au contraire, reçu l’ordre de le diriger sur Paris avec les plus minutieuses précautions.

En effet, la police du royaume, dirigée alors par MM. Allard et Canler, était parvenue, par un prodige d’habileté, et presque par le secours de la divination, à