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manquer d’avertir les banquiers parisiens de l’envoi de la traite qu’on lui avait délivrée.

La maison Drevon oublia cependant cette formalité, et ce fut le commencement de la perte de Lacenaire. Il arriva à Paris. Toute la police était déjà à sa recherche, et grâce à Germain, à Bâton, à François et à Avril, elle commençait à avoir d’assez bonnes indications. Mais le criminel, emporté par le vertige du crime, était déjà comme ivre et ne prenait aucune précaution.

En descendant de la diligence, il se rendit immédiatement chez un graveur du passage Vivienne, auquel il se donna comme un associé de la maison veuve Drevon, et lui commanda cinq cents vignettes pareilles à celles qu’il portait. Au bout de deux jours, on lui en remettait dix douzaines. Il devait revenir chercher le reste le soir ; mais ce qui va suivre l’en empêcha.

Aussitôt après avoir reçu ses vignettes, il contrefit la traite à vue qu’il avait sur MM. Delamarre-Martin Didier, et se présenta au caissier de la maison. Celui-ci regarda le livre d’échanges. Pas d’avis ! Oh, si le faussaire s’en était douté ! En effet, au moyen de l’avis, il était payé sans difficulté, sans observation. En l’absence de tout avertissement, on dut se livrer à des recherches, à des suppositions. On confronta plusieurs lettres de change de madame veuve Drevon. Lacenaire n’avait pas compté là-dessus, et, s’apercevant de ces investigations, il s’esquiva au plus vite.

Il était trois heures et demie lorsqu’il quitta la rue des Jeûneurs, où était alors le siège de la maison de banque de Paris, et, à quatre heures, il était en diligence