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— Je voudrais bien t’obliger, lui répondit Bâton mais c’est impossible, je n’ai pas le sou dans ce moment-ci.

— C’est affreux ! ma position est telle, continuait François, que pour « vingt francs » je tuerais un homme !

— Vraiment ! fit Bâton en dressant les oreilles… Eh bien ! je connais quelqu’un qui m’a proposé une affaire qui vaut mieux que ça ; mais je suis indisposé, je ne peux pas la faire ; si tu veux, je t’aboucherai avec cette personne.

— Avec le plus grand plaisir, et tu me rendras là un véritable service.

Effectivement, le soir même, Bâton faisait agréer son remplaçant par Lacenaire, et le lendemain, 31, il le lui présentait chez un marchand de vin établi au coin du boulevard du Temple et de la rue de Lancry. — Touchante entrevue !

En sortant du cabaret, Bâton alla à son théâtre, Lacenaire et François se rendirent rue Montorgueil, 66.

Il pouvait être dix heures du matin quand ils y arrivèrent. Lacenaire s’arrêta sur le seuil de la maison et prévint la dame Bussot, alors assise dans sa boutique, qu’un garçon de caisse devait se présenter chez lui pour toucher de l’argent, il la priait d’avoir soin de lui indiquer son appartement. Puis il monta, tira de sa poche un morceau de craie et écrivit, en gros caractères, sur sa porte, le nom de Mahossier.

Vers trois heures de l’après-midi, le garçon de caisse, nommé Genevay, se présenta rue Montorgueil. Il portait