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Lacenaire et Avril logèrent six jours dans ce logement. Le premier s’occupait à y fabriquer les faux nécessaires à leur affreux projet. Mais, dans l’intervalle qui s’écoula du 25 au 31 décembre, jour du crime, Avril, emporté par ses instincts brutaux, devint amoureux d’une fille publique et se fit arrêter sur le boulevard en la défendant contre des agents de la force publique.

L’association de ces brigands s’étant donc rompue momentanément, Bâton, qui, malgré son peu d’énergie, postulait la place d’Avril, revint trouver Lacenaire. Il l’engagea si formellement à essayer une nouvelle tentative sur les employés de la Banque, promit si solennellement que rien ne l’arrêterait au moment de l’exécution, que Lacenaire, qui avait déjà dévoré le produit du meurtre de Chardon, et se trouvait pressé, alla porter ses faux mandats chez MM. Mallet et Compagnie.

Il se présenta chez le banquier le 29 décembre, comme un jeune homme arrivant de Rouen, et demanda à parler à M. Morin, ancien associé de la maison.

— Il y a longtemps que M. Morin a quitté le commerce et Paris, lui répondit un des employés du comptoir, et je ne sais même où il réside à présent.

— Ce contre-temps me désespère, répondit le prétendu étranger, car M. Morin me connaît parfaitement, par suite de nombreuses affaires faites ensemble tous les deux, et je venais le prier de suivre l’encaissement de deux traites tirées par la maison Picard et Deloche, de Rouen,à laquelle je suis associé, l’une sur Lyon, l’autre sur un sieur Mahossier, de Paris.

— À quelle époque doivent échoir ces effets ?