Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

occuper Chardon ailleurs que dans sa cambuse (sa chambre) le jour convenu, ou faire faction aux alentours. Ça y est-il ?…

— Ma foi, non, répondit Lacenaire, qui ne se fiait ni à l’un ni à l’autre des deux pèlerins, je ne crois pas à l’argent de Madeleine ; mais, dans tous les cas, je ne veux rien entreprendre contre lui.

Il avait conçu mieux que cela tout d’abord, et résolu sans le moindre scrupule le meurtre de Chardon, sur les indications de Germain, mais avec la coopération d’Avril.

— Si je vole Chardon avec des fausses clefs, s’était dit Lacenaire, il me soupçonnera immédiatement et me fera arrêter. Or, je ne veux plus avoir de petits démêlés avec la justice.

Il parla donc à Avril de l’armoire en question comme d’une mine d’or, mais, tout en enflammant son imagination pour un vol, il se tut relativement au meurtre, en ayant grand soin cependant d’appuyer fortement sur le danger qu’il y avait à redouter après l’action de la part de Chardon et de sa mère.

Avril proposa alors à son chef de file d’assassiner ensemble la mère et le fils. C’est ce que voulait Lacenaire, et le pacte fut conclu.

Le lendemain du jour où ce projet fut arrêté, ils se mirent en route pour cette expédition ; mais, arrivé trois ou quatre pas de la maison, Avril se ravisa.

— Décidément, dit-il à son complice, je ne puis me résoudre à faire cette affaire avec toi. Je te connais ; une fois sous ta dépendance, tu voudras me mener comme un enfant.