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le passage du Cheval-Rouge, situé entre la rue Saint-Martin et la rue du Ponceau.

Lacenaire, qui portait en prison le nom de Gaillard, s’était brouillé à mort avec Chardon, sous les verrous, par suite de discussions d’intérêt, et, depuis leur libération, ils évitaient soigneusement l’occasion de se rencontrer.

Un jour, un nommé Germain, également libéré de Poissy, vint à l’improviste chez Bâton, son ami, et le trouva occupé à écrire avec Lacenaire. Il n’eut rien de plus pressé que de rapporter cette circonstance à Chardon qu’il fréquentait assidûment, tout en le détestant de la façon la plus vive.

— Ils font des faux ! dit le prétendu frère de charité avec cette sûreté de coup d’œil particulière aux vieux criminels ; — et il ne se trompait pas ! — Mais que Gaillard prenne garde, continua-t-il, je le ferai arrêter !…

Ce Germain, le plus perfide des amis et le plus actif des artisans de discorde, ne manqua pas d’instruire aussitôt Lacenaire des dispositions de son ex-compagnon de captivité à son endroit ; il lui assura en outre que Chardon avait chez lui, dans une armoire, beaucoup d’argent, de larges pièces d’or à l’effigie de Henri V, et, entre autres sommes, une de dix mille francs, provenant de la reine Marie-Amélie, et destinée à l’édification de la prétendue maison hospitalière inventée par le faux frère quêteur.

— La tante est très facile à nettoyer (à voler), ajouta Germain, en présence de Bâton, il ne faut pour cela que des fausses clefs. Si vous voulez, je vous fournirai les empreintes de ses serrures, ainsi que tous les autres renseignements nécessaires à l’affaire. Je puis même