Page:Lacenaire, éd. Cochinat, 1857.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le chien, obéissant à cette rude injonction, s’étendit sur un tapis, à côté du lit de son maître.

Lacenaire, presque aussitôt, s’endormit d’un sommeil joyeux et agité, et rêva toute la nuit de Blanc-Blanc. Enfin, il se réveilla, le matin, et son premier soin fut de se pencher vers le parquet pour contempler le nouvel enfant prodigue, de retour au foyer paternel. Mais un cri d’effroi s’échappa de ses lèvres, et il se mit en défense.

Ô terreur ! Un Espagnol, coiffé d’un chapeau à plumes, et le flanc ceint d’un poignard doré, était dressé auprès de son oreiller…

Lacenaire se frotte encore les yeux… Tout à coup un éclat de rire homérique fait place à sa frayeur. Cet hidalgo, vêtu d’oripeaux et armé d’un poignard doré sur tranche, n’était autre que Blanc-Blanc, que des saltimbanques avaient volé et habillé en grand d’Espagne de première classe.

Le caniche avait préféré l’amitié aux honneurs, et son maître, qui était dans toute la joie de son âme, ne cessait, malgré son caractère peu expansif, de raconter à tous ses amis les circonstances de ce retour.

Cet événement, cause de tant de joie, ne l’empêchait point cependant de continuer ses œuvres mauvaises, et, dans une de ses expéditions nocturnes, il rencontra, rue de Vendôme, un nommé Bâton, qui se trouvait en même temps que lui à Poissy, et qui en sortait depuis peu par grâce spéciale.

Leurs relations avaient été d’une nature assez suspecte à Poissy pour qu’on accusât Bâton d’être à l’égard de Lacenaire un ami plus qu’intime, mais, malgré le ca-