IX
LA FLEUR DE LA VALLÉE
De fraîcheur, de jeunesse et de rosée humide,
Tu penches vers le sol ta tête humble et timide,
O ma fleur triste et chère ! Hélas ! si jeune encor,
Quel ennui s’est glissé dans ton calice d’or,
Et, comme un ver caché sous la blonde étamine,
Fait languir et pencher ta corolle divine ?
L’abeille qui, glanant son trésor de liqueur,
Boit le miel de ta feuille et les sucs de ton cœur,
Oubliant sur ton sein la ruche bien-aimée,
Voudrait vivre et mourir dans ta coupe embaumée.
Qu’as-tu donc, pauvre fleur ? As-tu perdu l’amour
Du papillon d’azur, fils de l’air et du jour ?
L’infidèle a-t-il pris son vol vers tes compagnes ?…
Fille de la vallée, est-il fils des montagnes
Le lys que vous aimez ? Et le destin jaloux
A-t-il mis de ces bois la distance entre vous ?
Quand le vent du matin souffle sur la colline,