Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pour un hymne à lui m’a vendue
Cypris qui prise les beaux vers ;
Et, depuis, esclave assidue,
Je l’accompagne et je le sers.
Je suis sa prompte messagère :
Tu le vois, d’une aile légère
Je porte ses lettres d’amour.
Il m’a promis, à mon retour,
La liberté ; mais qu’en ferais-je ?
Mon maître dût-il m’affranchir,
Je veux rester et le servir.
Pourquoi loin de lui m’en irais-je
Voler par les monts et les bois,
M’abriter sous de noirs feuillages
Et me nourrir de grains sauvages ?
Aujourd’hui je mange et je bois,
Ce que je mange et boit le poète :
Le pain que lui-même il émiette,
Je viens le prendre dans sa main.
Il me tend sa coupe et son vin ;
Et quand j’ai bu, tout enivrée,
Autour de sa tête inspirée
Je vole et joue en liberté,
Puis je me pose à son côté
Et sur sa lyre je sommeille.
Adieu : qu’on se hâte à présent,
Car tu m’as rendue, ô passant !
Plus bavarde que la corneille.