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Souviens-toi vers le ciel de ces mains étendues,
Conjurant du Très-Haut les foudres suspendues ;
De ces ardents labeurs par qui l’humanité
Du vrai Dieu, du vrai culte, a trouvé l’unité.
Le poète est la voix sous les éclairs vibrante,
Qui vers le but promis conduit ta vie errante :
Selon les temps, les lieux, qu’il soit législateur,
Ou prophète, ou soldat, il est ton bienfaiteur.
Vengeant ta liberté des tyrans menacée,
Glaive en main il combat et tonne avec Alcée.
Quand les Rois, que la haine intestine enhardit,
Sur le sol des aïeux posent leur pied maudit,
Le poète s’émeut ; de son âme électrique
Jaillit, comme la foudre, un chant patriotique,
Ce chant dont l’étincelle, embrasant tout ton cœur,
D’un combat inégal te fait sortir vainqueur :
Souffle dévastateur, l’hymne aux strophes altières
D’une horde barbare a purgé tes frontières !


IX

Soixante ans sont passés. Une commotion
Soudaine a tout chez toi remis en question,
Et la société sur ses bases remue ;
Et charte, et trône, et lois, comme un oiseau qui mue,
Elle a tout secoué. Du royal oripeau