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IV

Ô critiques, salut ! ô frères des moustiques
Moins les ailes, salut ! Éternels dénigreurs
Qui distillez le faux et qui vivez d’aigreurs,
Coupe-gorge infestant de votre bande armée
Les bois saints de la Muse et de la Renommée,
Nous direz-vous un jour quel venimeux bonheur
Vous trouvez à tirer sur le noble rêveur,
Qui, près de vous passant, de vous n’eut jamais cure ?
Scorpions embusqués, vous vivez de piqûre !
De vos trompes suçant la moelle des auteurs,
Sans eux que seriez-vous, insectes contempteurs ?
Se gorgeant au soleil de chairs en pourriture,
Vit-on jamais les vers conspuer leur pâture ?
Et vous, vermiculets, vous criez, vous bavez
Sur ceux dont vous mangez, sur ceux dont vous vivez !
Parasites rampeurs, habitants des carnières [1],
Vermines qui souillez des lions les crinières,
Pour tout mordre et trouer, tarets aux dards jaloux,
Où sont vos raisons d’être ? à quoi donc servez-vous ?
Le fumier produit ; vous, vous êtes plus arides
Que les silex brûlés par les soleils torrides.
D’anxiétés d’eunuque et de désirs rongés,

  1. Carnarium.