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Promesses qui des ans nous cachiez les ivraies,
O fleurs de notre avril, vous étiez donc moins vraies
Que ces roses, vos sœurs, les roses de l’oubli !

Il vient une heure froide aux angoisses mortelles ;
Nos amours les plus chers, ingrates hirondelles,
Désertent notre toit par l’hiver envahi.
D’irréparables fleurs gisent sur nos collines ;
Tout dort ; seule, une voix, la voix de nos ruines,
Nous dit : « Cueille, il le faut, les roses de l’oubli ! »

Ami, songe à cette heure amère, inexorable.
La lèvre ment : notre âme est vide et misérable.
Outragé dans tes vœux, par ton espoir trahi,
Un soir, cherchant en vain une forme envolée,
L’écho te répondra du fond de la vallée :
« Séparons-nous ; cueillez les roses de l’oubli. »

Eh bien, résigne-toi ! sans colère et sans haine,
D’une idéale erreur, hélas ! subis la peine,
Ne maudis point le sort ni ton rêve flétri.
De tes espoirs glanant les feuilles dispersées,
Ensevelis sans fiel tes ivresses passées :
Cueille en aimant encor les roses de l’oubli.