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XVIII

LES ROSES DE L’OUBLI



 
Poète, entre les fleurs de l’âme il en est une
Qui croît aux vents aigus de l’adverse fortune.
Quand rêve, espoir, printemps, tout s’est évanoui,
Dans le jardin aride où l’âme se recueille,
C’est la suprême fleur, hélas ! que l’homme cueille,
Et cette fleur a nom la rose de l’oubli.

Pour nos cœurs dépouillés il est des roses noires.
Sur les restes fanés de nos douces histoires,
Sur notre rêve éteint dans l’ombre enseveli,
Sur nos vœux moissonnés par les heures fatales,
Un jour on voit grandir les fleurs aux noirs pétales,
Les roses sans parfum, les roses de l’oubli.

Espoir des jours premiers, ivresse printanière,
Lilas qui balanciez vos fronts dans la lumière,
Amour, lys virginal dans l’ombre épanoui,