Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée



XI

LA DOULEUR


 
Dieu lui-même a respect de la souffrance humaine ;
Réelle est la douleur si la cause en est vaine.
        Qu’importe par qui nous souffrons !
La fleur du bien grandit sur les âpres collines :
L’homme qui sait porter sa couronne d’épines
        Devient un dieu sous les affronts.

Ne maudis point, ami, ta suprême torture ;
Respecte ta douleur, la douleur nous épure ;
        Laissons le blasphème à l’orgueil.
Le fleuve de la vie aux ondes limoneuses,
Pour rejaillir au ciel en gerbes lumineuses,
        Doit se briser contre un écueil.