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La sphère est idéale où se meuvent tes ailes ;
L’Art seul n’y peut atteindre, et ses rythmes sont vains
A traduire les cœurs où brûlent de saints zèles :
Ils n’ont d’écho vivant qu’en tes verbes divins.

Car tu donnes la vie à tout ce que tu touches,
A tout, même à l’erreur pour sa sincérité ;
Et les doutes amers, les blasphèmes farouches
Ne tiennent que de toi leur immortalité.

Immortels sont les cris où vibre une âme ardente,
Une âme ayant vécu ses cris désespérés !
Immortels, les défis altiers d’un autre Dante !
Absous par toi, ses chants pour nous restent sacrés.

Et toi, noble Amitié, toi la réparatrice
Des misères qu’inflige à l’homme le Destin,
Des muettes douleurs seule consolatrice,
Fidèle au soir brumeux comme au riant matin ;

Tendresse d’énergie et de douceur trempée,
Toi des trésors du cœur, le plus pur diamant,
Franche comme l’acier, sûre comme l’épée,
Virile passion faite de dévoûment ;

Toi que vendit le juif Judas, l’âme de boue ;
Toi, foyer pour le cœur et pour l’esprit flambeau ;
Toi dont le deuil fervent, de longs pleurs sur joie,
Ressuscite Lazare et l’arrache au tombeau ;