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ULTIMA VERBA


La lyre peut chanter tout ce que l’âme rêve.
SOUMET.


 
O Maître ! longuement j’ai pensé ta pensée,
Et mon cœur a gémi ce qu’a gémi ton cœur ;
Revivant après toi ta souffrance passée,
J’ai de tes jours amers bu l’amère liqueur.

De tes déceptions la moisson m’est connue ;
Le sort ne me fut pas plus qu’à toi léger :
Comme toi j’ai trouvé la vie et lourde et nue ;
Rien de l’homme ici-bas n’est à l’homme étranger.

Des maux par nous subis en nous est la mesure :
Plus l’âme est grande, plus l’âme est apte à souffrir.
Il faut l’horizon vaste à la vaste envergure ;
Étouffé dans son vol, l’aigle aspire à mourir.