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VII

INSANIA


 
Sois gai, secoue au vent ta tête libre et fière ;
Respire à pleins poumons ta brise printanière ;
Ris aux beaux jours ; jouis, rimeur insoucieux,
Des parfums de la terre et de l’azur des cieux ;
De ton avril cueillant les plaisirs et les roses,
Raille nos soins jaloux, nos souvenirs moroses,
Et, d’une lèvre vive où rit ta liberté,
De tes bonheurs premiers bois le vin enchanté !
Ton heure aussi viendra… Sur cette blonde tête,
Oiseau de flamme, un jour s’abattra la tempête.
Comme en un ciel d’été, sans pluie et sans éclairs,
La foudre tout à coup éclate au fond des airs,
Un jour, enveloppé d’un invisible orage,
Tu sentiras pâlir et mourir ton courage.
Subitement frappé, sous le trait acéré
S’affaissera ton cœur en proie au mal sacré.
Tu blêmiras, tes yeux perdront leur jeune flamme ;
Une indicible angoisse habitera ton âme.