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XII

Oui, voilà vos exploits, ô héros platoniques,
          Guerriers doublés de songe-creux,
Blonds amants des Gretchen, meurtriers germaniques,
          Docteurs et pédants langoureux !
Parlez-nous maintenant de progrès de lumière,
          Fils de la Prusse, hommes du Nord !
Sous le savant en vous gît la brute première,
          Le sauvage en vous n’est pas mort.
La science en vos mains sert froidement vos haines,
          Et les arts vos duplicités ;
Votre instinct carnassier, loups à faces humaines,
          Se trahit à vos cruautés !
Le gentilhomme en vous déguise mal le reître
          Que le passé nous révéla.
Allez ! vous êtes bien les fils de votre ancêtre,
          Les dignes enfants d’Attila !
Eh bien ! montrez-vous donc, ô races prolifiques,
          Ce que vous êtes en effet !
N’affichez plus ces airs aux candeurs pacifiques !
          Tuer, piller est votre fait !
Les richesses d’autrui par vous sont convoitées ;
          Du voisin vous lorgnez le sol
Pour y placer à l’aise et loger vos portées !
          La ruse, le meurtre, le vol,