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Levez-vous, du devoir ô victimes austères !
          Levez-vous tous jeunes et vieux,
Ignorants et lettrés, nobles et prolétaires
          Dont la mort a glacé les yeux !
Regnault, vaillant artiste à la splendide toile,
          Lambert, courageux voyageur,
Seveste, qui payas d’un beau trépas l’étoile
          De la patrie et de l’honneur ;
Dampierre, et toi, Grancey, soldats de souche antique,
          Et vous aussi, Coriolis,
Vieillard auguste en qui l’amour patriotique
          Triompha de l’amour des lys ;
Vous qui sûtes mourir, rêvant la délivrance,
          Comme seraient morts vos aïeux,
Dont le sang teint toujours la bannière de France !
          Martyrs bénis et glorieux,
Levez-vous du coteau, levez-vous de la plaine,
          De la tranchée et du sillon,
De la fosse sans fleurs de votre vertu pleine,
          De Buzenval, de Châtillon,
De tous ces lieux témoins de vos luttes sublimes,
          Héros dont chaque nom cité,
Sanctifiant mon vers, verserait sur mes rimes
          Un reflet d’immortalité !
O nos morts bien-aimés ! découvrant vos blessures,
          Levez-vous tous de vos cercueils !
Secouez à nos yeux oublieux ou parjures
          Les plis sanglants de vos linceuls !
Venez nous rappeler l’homicide furie,