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Et tel qu’un pèlerin dans une ville morte,
          Sous la brume, aux plaintes du vent,
J’ai, nocturne songeur, errant de porte en porte,
          Sondé ton sépulcre vivant...
Et j’ai maudit le sort qui sur toi se déchaîne,
          Toi que le sort eût dû venger !
Et j’ai senti grandir dans mon cœur pur de haine
          La sainte horreur de l’étranger !


VII

Le jour, autre spectacle et non moins lamentable :
          Des portes aux lourds bastions,
Pour forcer l’ennemi dans son camp redoutable,
          J’ai vu sortir tes légions.
Sous l’orage tonnant des forts et des redoutes,
          Ils allaient, tes fiers bataillons,
Renversant l’ennemi, trouant, s’ouvrant des routes
          Sous la bouche en feu des canons.
Ils allaient : — tout à coup le clairon des retraites
          Glaçait et brisait leurs élans...
Et toujours des succès couronnés de défaites !
          Et toujours des chefs indolents ;
Et toujours dans l’ardeur des belliqueuses fièvres,
          Et quand tous voulaient en finir,
Il leur fallait — lions commandés par des lièvres —