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III

Que l’avenir les juges ! — O ville au grand courage,
          Toi dont les fils courbent leurs fronts
Sous l’indicible poids d’une indicible rage,
          C’est toi d’immérités affronts
Qu’ils faut venger, qu’il faut laver, qu’il faut absoudre !
          O Paris ! tu fis ton devoir.
Au nom du Droit t’armant du glaive et de la foudre,
          Au monde asservi tu fis voir
Ce que peuvent chez toi l’amour de la patrie
          Et l’amour de la liberté.
C’est toi qui de la France, et livrée et meurtrie,
          Sauvas du moins la dignité.
Sans armes, sans soldats, sans défense, surprise
          Par le flot de l’invasion,
Le danger te grandit, le péril t’électrise :
          Cité, tu deviens nation !
Improvisant, forgeant pour ta lutte héroïque
          L’homme et le fer, l’arme et le bras,
Tu fais surgir du sol ta milice civique,
          Phalange par qui tu vaincras !
Tirant tout de tes flancs, mère aux nobles entrailles,
          Fondant ton âme et ton écrin,
Tu couvres tes remparts, bastions et murailles,
          De canons et de cœurs d’airain.