Non te rendre ! Tes chefs aux prudences caduques
N’ont su ni vaincre ni mourir.
Ils devaient céder ni fort ni territoire,
Ils le disaient d’un ton ronflant.
Silence, écrivassiers ! Ceignez une écritoire
Au lieu de glaive à votre flanc.
Vous nous avez conduits par vos lenteurs traîtresses
A la défaite sans combats.
Grâce à vous, l’Aigle noire est sur nos forteresses.
Parler si haut, tomber si bas !
Jactances de rhéteurs, entêtements de mules,
Stupidités sans précédent !
Retirez-vous, félons ! vous les dignes émules
Du triste sire de Sedan !
II
Et qu’ils ne disent pas que ta voix récrimine,
O Muse ! et qu’ici le vainqueur
C’est la fatalité, l’invincible famine,
Que « tout est perdu, fors l’honneur » !
Mort du roi chevalier tombé dans sa vaillance,
Qui t’inscrirait sur leur blason ?
L’avenir y burine : « Inepte imprévoyance »,
Et le peuple y lit : « Trahison » !
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