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C’est là qu’habite encor son ombre,
C’est là qu’elle erre au bord des mers,
Au pied du morne abrupt et sombre
Que blanchit l’onde aux flux amers.

Il aimait ce lieu solitaire,
Où la flèche des filaos
Mêle sans fin sa plainte austère
A la plainte sans fin des flots ;

Où le vent qui vient des ravines,
Sur la grève aux cailloux polis,
Porte imprégné d’odeurs divines
Le chant plaintif des bengalis.

Plage ombreuse où la brise et l’onde,
Et l’oiseau, tout semble gémir :
C’est là, dans cette paix profonde,
Qu’il espérait un jour dormir.

C’est là, dans cette anse isolée,
Verdoyant Éden de la mort,
Qu’à son tour ma nef exilée
Viendra trouver l’abri du port.

C’est là qu’avant moi revenue,
Fidèle à son premier séjour,
Son âme, à ces beaux lieux connue,
M’attend, sûre de mon retour ;