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La gloire à son brûlant mirage,
Jeune encor, l’avait fasciné :
Chevalier perdu dans notre âge,
En d’autres jours que n’est-il né !

Nature aimante autant que fière,
Cœur d’or sous l’armure d’acier,
Rude pour la fortune altière,
Pour le malheur hospitalier,

Il sut toujours vers l’humble peine,
Qui se dérobe en sa pudeur,
Venir discret et la main pleine
Des saintes aumônes du cœur.

Que de fois, dans la défaillance
Du rêveur sous le sort ployé,
J’ai repris sève et confiance,
Mon bras sur son bras appuyé !

Ravivant mon âme alanguie,
Sa force employait la douceur :
Du frère il avait l’énergie
Et les tendresses de la sœur.

La franche équité du créole
Vibrait dans ses moindres accents ;
Et du succès jamais l’idole
N’a connu son loyal encens.