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Or, le froid déjà diminue,
L’air a des souffles caressants,
Un soleil pâle, ouvrant la nue,
Fond la neige, et la glèbe nue
Se verdit de gazons naissants.

Du printemps, de la paix prochaine
On voit les signes précurseurs ;
L’air s’azure et se rassérène,
Et, là-bas, décroît dans la plaine
Le flot noir des envahisseurs.

Lourds de butin, légers de gloire,
Qu’ils partent repus ! L’avenir,
O vous qui souillez la victoire,
Un jour fera dire à l’histoire
Si nous savons nous souvenir.

Bientôt les lilas vont éclore,
Du sol vont poindre les moissons ;
L’alouette au gosier sonore
Dans l’azur que l’aube colore
Déjà s’élance des buissons.

Déjà planent les hirondelles
Autour de nos toits mutilés,
Saluant de leurs cris fidèles
Nos clochers et nos citadelles
Par l’Aigle noire, hélas ! souillés.