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Mon île austère, mais sereine,
L’oasis des grands flots amers
Où de l’Inde erre la Sirène,
Baignant dans l’or son front de reine,
Ses pieds dans le saphir des mers.

O vision éblouissante !
Mirage aux lointaines clartés !
Dans le passé mon âme absente
Oubliait de l’heure présente
Les navrantes réalités.

J’entendais au pied des collines,
Dans l’herbe en fleur ensevelis,
Se berçant au vent des ravines,
Les chœurs ailés aux voix divines
De nos frères les bengalis.

Chante comme eux ! que ma pensée,
Pleurant les maux de mon pays,
O rossignol ! par toi bercée,
Revole vers l’aube éclipsée
De mes bonheurs évanouis !

Le chant, bien mieux que la parole,
Sait du sort adoucir les coups ;
Avec lui la douleur s’envole :
Il berce, il endort, il console
Ce qui souffre et gémit en nous.