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III
CHANT D’AVRIL
Quand je la vois, il fait beau dans mon âme,
Tout est lumière en moi, tout est fraîcheur ;
Un ciel d’avril où l’aube épand sa flamme
A moins de brise et d’azur que mon cœur.
Tel que l’oiseau dont la voix est muette,
Sous son regard si je reste sans voix,
C’est de bonheur. Oh ! mon âme est en fête
Quand je la vois !
L’abeille d’or vibrant dans la lumière,
La fleur buvant la pourpre de midi,
Le daim furtif, au bord de la clairière,
Humant du jour le silence attiédi,
L’esprit heureux que la Muse caresse,
Le rossignol rêvant au fond des bois,
Seuls ont connu, seuls diraient mon ivresse
Quand je la vois !