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IV



Limpidité des cieux, resplendissant azur,
Paix des bois, ô forêt qui ton sein m’accueilles ;
Soleil dont le regard ruisselle auguste et pur,
Dans la splendeur de l’herbe et la gloire des feuilles ;

Nature éblouissante aux germes infinis,
Silence lumineux des ramures discrètes,
Voix qui flottez des eaux, chants qui montez des nids,
Illuminez en nous les ténèbres secrètes !

Dissipez de nos cœurs la froide obscurité,
Rayons qui ravivez et fécondez les sèves !
Souffles des bois, ruisseaux vivants, flammes d’été,
Faites éclore en nous la fleur des premiers rêves !

Nos rêves, où sont-ils ? L’un sur l’autre brisés,
Nous les avons tous vus tomber, gerbe éphémère.
Chacun de nous, pleurant ses jours stérilisés,
Porte en secret le deuil d’une auguste chimère.

Celui-ci dans l’amour et cet autre dans l’art,
Ceux-là plus haut encore avaient placé leur vie ;
Mais, trahis par leur siècle, enfants venus trop tard,
Eux-même ils ont éteint leur flamme inassouvie.