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Et l’autre : « Un chevalier immobile et sans âme,
Frais égorgé, là-bas est gisant pour toujours.
Nul ne sait qu’il est là, nul, excepté sa dame,
Son faucon et son chien, ses uniques amours.

« Le faucon dans le ciel poursuit l’oiseau sauvage,
Par la plaine le chien chasse joyeusement,
La dame endort aux bras d’un autre son veuvage ;
De sa chair nous pouvons dîner tranquillement.

« Toi, d’un ongle tranchant fouille dans sa poitrine ;
Moi, du bec je ferai sortir ses grands yeux bleus ;
Puis de ses cheveux blonds, toison épaisse et fine,
Arrachons les fils d’or pour notre nid frileux. »

Sa maison vainement guettera son passage ;
Ses grands bois au printemps refleuriront en paix :
Tout l’oublie… et les vents désolés de la plage
Sur ses blancs ossements soufflent seuls à jamais !

Imité d’une vieille ballade anglaise.