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L’air rugit. L’albatros au grand vol circulaire
Plane seul et des vents brave encor la colère.
Présage affreux ! là-bas, comme un dernier espoir,
L’astre plonge et s’éteint sanglant dans le flot noir.

Et l’ouragan triomphe ! et voyez : menaçante,
Une forme, du sein de la houle puissante,
Apparaît ! C’est la Mort ! Sur les crêtes de l’eau
Elle marche visible et va droit au vaisseau.

Des cris ! des pleurs ! — Ceux-ci, que l’épouvante enivre,
Roulent pâmés dans l’onde, et l’onde les délivre.
Là, c’est un groupe ami plongé dans ses adieux.
Celui-ci prie et tombe en regardant les deux.

Quel est ce passager calme sous la tempête ?
Que fait-il à l’écart quand sa tombe s’apprête ?
Il regarde, il écoute, il rêve… — Heureux celui
Qui peut rêver à l’heure où tout sombre sous lui !
Mais plus heureux qui peut, des pleurs dans la paupière,
Embrasser un ami, dire à Dieu sa prière !

Imité de Miçkiéwicz.