Page:Lacaussade - Poésies, t1, 1896.djvu/157

Cette page n’a pas encore été corrigée

vois, secouant leurs crinières rivales,
Franchir tes blocs d’airain dans leurs bonds orageux,
Sur le sol immergé rouler leurs flancs neigeux,
Puis s’enfuir, et laisser aux grèves de leurs plages
La perle et les coraux, l’ambre et les coquillages.

Les vierges, les enfants, douce postérité,
Vont glanant le trésor par l’abîme apporté.

O poète ! cœur jeune, esprit trempé de flamme,
Des passions ainsi le flot gronde en ton âme ;
Mais que ta lèvre chante, et tu verras, charmé,
Vers les mers de l’oubli rouler le flot calmé,
Puis s’éteindre et laisser après soi sur les sables
D’impérissables vers, des chants impérissables.

Inspiré de Miçkiéwicz.


IV

LA TEMPÊTE


 
Rompu le gouvernail ! L’équipage en rumeurs
Au bruit des éléments va mêlant ses clameurs.
La voile est en lambeaux, la mer est déchaînée ;
Câbles et mâts brisés sur la vague acharnée
Flottent. La pompe joue. On entend par moments
Dans les flancs du vaisseau d’horribles craquements.