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Parmi les corolles écloses
Je surpris Éros un matin.
Prompt à le saisir par les ailes,
Dans ma coupe où brille le vin,
Tremblant, je le plonge et soudain
Je bois le mélange divin.
Or, fertile en ruses nouvelles,
Voici que, captif en mon sein,
Des désirs réveillant l’essaim,
Il me chatouille de ses ailes.


LXVIII

ÉPITAPHE D’ANACRÉON


 
O vigne, dont le fruit sait adoucir nos peines
Et verse avec l’ivresse en nous l’oubli des maux,
O plante aux vertus souveraines,
O mère du raisin aux flexibles rameaux,
Vigne ! épanouis-toi sur la terre où repose
Le doux Anacréon, le sage de Téos,
Qui chanta le vin et la rose,
L’ami cher à Cypris et cher au blond Éros ;
Celui qui voyait sur ses traces
Cheminer, souriant, le chœur décent des Grâces,