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La rose est le soin des poètes,
La belle fleur de leurs chansons.
La rose est douce à tous, douce aux mains indiscrètes
Qui, pour la dérober à ses vertes retraites,
Bravent l’épine des buissons.
Elle embaume qui la caresse.
Dans sa feuille, épuisés d’ivresse,
L’abeille et les zéphirs aiment à s’enfermer.
Au doigt voluptueux qui l’échauffe et la presse,
Fleur des amours, la rose laisse
Une senteur qui fait aimer.

* * *

Au milieu des banquets la rose est désirée.
L’esprit du chant s’égaye à son éclat divin.
Bacchus, dans la coupe sacrée
Effeuillant la rose pourprée,
Boit ses parfums mêles aux aromes du vin.
Que peut-on faire sans la rose ?
Sans la rose, ô Vénus ! la vie est peu de chose.
L’aurore est dite aux doigts de rose ;
Des Nymphes le folâtre essaim
A la bouche de rose et de rose le sein ;
Au dire du docte et du sage,
La mère de l’Amour de rose a le visage.

* * *