Page:Lacaussade - Les Salaziennes, 1839.pdf/26

Cette page n’a pas encore été corrigée
24

24
Dans la brume et la nuit, aux pieds de quelque tour,
Tu dis aux vents des soirs tes ballades d’amour.
Tantôt à notre sol ne pouvant te résoudre,
T’élançant dans les airs sur l’aile de la foudre,
Tu fais vibrer sur nous ta harpe aux cordes d’or ;
Et, des saintes hauteurs d’un lumineux essor,
En prophète inspiré tu parles à la terre
Avec l’accent de l’ode et la voix du tonnerre !
Tantôt d’un ton moins fier ton luth flexible et pur,
Disant les beaux climats et les pays d’azur
Où l’aurore sourit aux splendeurs qu’elle étale,
Ton vers en réfléchit la grâce orientale ;
Et l’aube, t’arrosant de ses douces chaleurs,
Semble t’avoir prèté ses plus riches couleurs.
A l’ombre des palmiers de l’indolente Asie,
Poète, une rèveuse et blonde Poésie,
Des fraiches voluptés t’inspirant les langueurs,
T’apprit à les chanter dans la langue des fleurs ;
Et tes lèvres ont bu sur ses lèvres arabes
Le secret enivrant de tes molles syllabes.