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Mais quelqu’un avec moi de cette immensité
Ressent-il dans son cour la vague majesté ?
Est-il une àme aussi qui, pensive à cette heure,
Et parcourant des yeux la céleste demeure,
Promene un long regard sur ce dôme d’azur
D’où descend de la nuit le rayon doux et pur ;
Et qui, du firmament étoilé de lumière,
Ramène ainsi que moi sa rèveuse paupière
Sur les flots assoupis de l’abime éternel,
Et contemple des mers le calme solennel ?
Je ne sais mais peut-être un chérubin qui passe
Et franchit de l’éther les déserts et l’espace,
Suspend son vol léger, et des sphères des cieux
Sur ce monde endormi porte un moment les yeux.
Aux mourantes lueurs des tremblantes étoiles,
Dont la faible clarté blanchit au loin nos voiles ;
Il voit notre vaisseau, comme un cygne des mers,
Laissant tomber son aîle au bord des flots amers,
S’endormir au roulis des onduleuses lames,
Où l’astre de Vénus fait vaciller ses flammes.