Page:Lacaussade - Les Salaziennes, 1839.pdf/142

Cette page n’a pas encore été corrigée
140

140
Mais tel qu’un exilé, sur ces plages lointaines,
Quand si loin de mon sol ton chant vint jusqu’à moi,
Triste je l’écoutais et regardant mes chaînes,
Je me pris aussitôt à pleurer avec toi :
Car je te comprenais. Mais lorsque vint l’envie
Calomnier ton cœur qui pardonne et gémit,
Sans que pas un des tiens n’arrêtât sa furie ;
J’ai dit : Je serai son ami !
-
Indigné, saisissant entre mes mains la lyre,
De mes lèvres alors ont jailli ces accents ;
Mais, hélas ! qu’a-t-il pu mon impuissant délire ?
Pour monter jusqu’à toi trop faible est mon encens ;
Semblable au bruit plaintif de ma vague africaine,
Qui, mourant sur les bords de nos rochers déserts,
Trop faible n’atteint pas la rive européenne
Et s’évapore dans les airs !
Ile Bourbon, octobre 1834.