Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/91

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mon sang, mon sang de 20 ans, bouillir dans mes veines… »

« Une bonne saignée t’aurait calmé, jeune homme », s’écria quelqu’un dans la foule. Un fou rire étourdissant accueillit ces paroles. Je toussai, je tirai mon mouchoir, puis je m’écriai en m’adressant à mon interlocuteur :

« Quand on n’a rien que du bon sang dans les veines, mon ami, on ne tient pas à en perdre une seule goutte. » Et je continuai : « Les quatre murs d’un collège étant trop étroits pour contenir l’ardeur de mon patriotisme, je m’élançai dans l’arène politique…

— Eh ! dis-nous donc, mon garçon, reprit le même interlocuteur, si tu es parti de toi-même du collège ou si tu en as été chassé ?

« Non monsieur, je n’ai pas été chassé. » Puis, passant par-dessus le corps de mon discours, j’en saisis la queue que je secouai avec véhémence au-dessus de mes auditeurs :

« Braves citoyens, soyez dignes de vos ancêtres. » Et alors, empruntant quelques extraits des discours de la Saint-Jean-Baptiste : « Combat des Thermopyles, vous pâlissez devant la bataille de Châteauguay ; majestueux Saint-Laurent, grossi du sang de nos ennemis, va porter aux mers épouvantées le tribut de la vaillance canadien-

92