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sance, reçoit de son père une terre moyennant une faible redevance annuelle. Il veut suivre les enseignements de la science agricole qui lui dit de préparer sa terre au sol bien riche, puis d’avoir de la bonne semence dont chaque grain peut produire une tige. Il veut donc avoir de la bonne semence. Il va chez un marchand assez éloigné et lui demande de la bonne, de la bien bonne semence. Le marchand lui dit qu’il n’en vend pas d’autre, qu’il garantit ce qu’il vend, lui. Le jeune homme ensemence six arpents de bonne terre dans les meilleures conditions possibles. À l’automne les passants examinant son champ lui criaient : « Si la graine de « Marguerite sauvage » se vend bien cette année, tu vas faire un coup d’argent ! » Un autre : « Je crois que tu feras mieux de changer de semence l’an prochain. » Ne croyez-vous pas que le susdit marchand était tenu de payer les dommages encourus et à encourir ?

Voici quelques-unes des réflexions que m’inspire mon premier voyage à Montréal. À ceux qui trouveront qu’elles sont un hors d’oeuvre, je répondrai que si mon père n’eût pas été un cultivateur pratique, je n’aurais jamais vu le Prince de Galles, ni fait un prêtre.

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