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Au dessert, on me demande de la charlotte russe… de la charlotte russe ! Moi qui connaissais seulement des tartes au sirop ou à la citrouille… et les confitures aux fraises ! Enfin, ma cuiller parvint à tomber sur le mets désiré. Après le dîner, il fallait aller se rafraîchir au belvédère : jardin aux grandes allées, bordées de fleurs.

Quant à moi, je repris le chemin du salon, accompagné de l’heureuse Imelda. Madame L’Heureux, me présentant mon chapeau, m’invita à passer au belvédère. J’aurais mieux aimé « passer » la porte, mais je voulais être irréprochable sur le point de l’étiquette.

Quand j’arrivai au chalet circulaire, je vis que déjà quelqu’une était dans la balançoire. Mon tour vint. Je m’y opposai au nom de mes épingles, mais deux compagnons robustes me poussent à l’avant de la balançoire.

« Vous pouvez vous flatter », dit Mademoiselle Imelda, « d’être dans la balançoire la plus haute de la ville de Montréal ; nous l’avons faite à dessein, de manière que du haut de cette balançoire vous puissiez contempler le panorama de la ville, qui se déroule devant votre regard étonné. »

Mon regard étonné ! Je me fermais les yeux bien justes quand j’arrivais à la moitié de la hauteur. Mes deux chauffeurs voulaient me faire faire le tour. Tous les

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