Pendant la nuit, j’eus un cauchemar terrible. J’avais tué Pacôme, la police était venue m’arracher des bras de ma mère, je fus condamné à être pendu et je m’éveillai comme le bourreau m’attachait la corde au cou.
Le lendemain, pas matin, mais tard, Alphonse usurpa l’office de réglementaire en réveillant tout le dortoir par ce cri : « Pacôme, si c’est maintenant que tu veux boire, on a trouvé de l’eau. »
Une demi-heure plus tard nous étions autour d’une table recouverte d’une belle nappe de toile du pays. Quel déjeuner et dîner combinés, à dix heures du matin. Nous voyions sur la table ce que les visiteurs voient sur toute table canadienne : du bon pain, de la bonne soupe, de la bonne viande, des œufs frais, des patates, du lait, du beurre, de la crème, du sirop, du sucre, des tartes… c’est-à-dire ce que peu de personnes en dehors des cultivateurs peuvent se procurer.
Tous les sages de tous les temps, anciens, modernes et présents, ont toujours envié le sort des cultivateurs. Oh ! trop heureux agriculteurs », s’écriait, il y a deux mille ans, le plus célèbre écrivain de son temps, « s’ils connaissaient leur bonheur ! »
N’oublions jamais après nos repas de remercier Dieu par la belle prière de nos