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— Mais, monsieur, à la prairie où vous allez, n’y a-t-il pas de l’eau ?

— De l’eau, messieurs, il fallait venir le printemps passé. Elle était à la hauteur des clôtures. Là, vous auriez bu à votre saoul. Mais maintenant le bassin de bonne eau est à sec, et c’est maintenant, je suppose, que vous voulez boire, si je ne me trompe pas ?

Alphonse et Camille, étendus sur le feuillage, riaient à chaudes larmes, pendant que Pacôme, impatienté, saisit les deux victimes de notre chasse, puis la chaudière, et décampa en marmottant : « Et c’est maintenant que vous voulez boire ?… La voilà ! la belle demande ! »

Le voisin me dit que nous ne trouverions pas d’eau potable avant d’arriver chez nous. Nous suppliâmes Pacôme de s’arrêter. Nous voulions manger. Une collation sans eau est un triste repas. La conversation roula sur l’accident du coup de fusil. Dire que j’avais failli tuer mon fidèle Pacôme dont le feutre, cent fois examiné, me convainquit que à une demi-seconde près, j’étais un meurtrier. Tous nous nous engageâmes à taire la chose et à ne pas parler de notre peur du chien-ours. Dans notre retour vers la maison, nous avons suivi un autre chemin à travers le bois. Nous n’avons pas même vu un écureuil.

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