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les sermons que des Pères nouvellement arrivés de France vous ont prêchés et vous prêchent encore. Je veux vous venger du reproche qu’on vous fait de ne pas comprendre le français, le vrai français. Puisque vous comprenez les prédicateurs qui viennent de France comme vous comprenez votre curé, c’est un signe que vous savez le vrai français.

Mais ici vous me permettez bien de vous faire remarquer que si nous comprenons le français aussi bien que le comprenaient nos ancêtres, malheureusement un bon nombre ne le parlent pas aussi purement. Plusieurs des nôtres qui vivent ou ont vécu dans un milieu anglais emploient souvent des mots que nos ancêtres ne comprendraient pas. Dans la jeune génération, combien y en a-t-il qui, au lieu de se servir de l’expression française, glissent un mot anglais ici et là ? Par exemple : C’est pour le fun… on a eu un time… il m’a donné une ride… il est allé au store… j’ai acheté du bacon… il a brisé son auto parce que le break a fait défaut… il n’avait pas de wrench pour le settler… etc., etc., etc.

Ce n’est pas une charge que je fais, c’est un exemple que je donne. Le beau langage de nos pères, qui était celui du 17ème siècle, tend à disparaître. Bossuet disait à Louis XIV : « J’ai eu fret à venir ici… moé, sire, je suis à faire l’histoire du monde pour le