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ou bien j’irai te mener avec une hart, entends-tu ? »

Je me rendis à l’école en bougonnant. Après l’invocation à l’Esprit-Saint, ma sœur dit quelques mots d’introduction à ses élèves : « Mes chers élèves, c’est avec plaisir que j’ai accepté de faire l’école ici, à des enfants que je connais et qui me connaissent. J’espère que vous serez bien sages. » Je l’interrompis en disant : « Oui, mouman, nous serons bien sages. » Deux de mes petits compagnons s’éclatèrent de rire. « Zacharie Lacasse », me dit-elle, « tu me respecteras comme les autres. » « Mais je vous respecte aussi ; je vous appelle mouman… « Prends tes livres et passe la porte, grossier que tu es. » « Oui, mouman, c’est ce que je veux. »

Sortir d’une maison est chose facile, mais comment rentrer dans une autre sans certificat ? Telle est la première idée qui vint me piquer l’esprit, au seuil même de la porte de sortie. Comment rentrer chez nous coupable ? Mon père était là. Je pris le parti d’aller passer la journée dans un champ de bluets, à deux milles de chez nous. Je pris mon dîner aux bluets. Mais le soir vint. Le soleil ne daigna pas s’arrêter pour satisfaire mes caprices. J’arrive à la maison tout tremblant, la famille était à souper.

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