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Je répondis pour la voisine : « C’est lui qui m’a jeté par terre et il a voulu m’ôter la hache qui est à moi aussi bien qu’à lui. » Il est clair, n’est-ce pas, que je suis un enfant d’Adam et d’Ève. « Ce n’est pas moi, c’est la femme que vous m’avez donnée », dit Adam. « Ce n’est pas moi, c’est le serpent », dit Ève. Si Adam eût avoué sa faute, sans la rejeter sur Ève, il se fût épargné à lui-même ainsi qu’à tous ses descendants beaucoup de misères et de souffrances. « Faute avouée est à moitié pardonnée », dit un proverbe. Je dois dire que je suis venu bien près de tout avouer sous l’inspiration de la grâce, car nous savons tous qu’avant de faire un mauvais coup, nous sommes toujours averti de ne pas le faire. Mais un misérable qui rôde toujours autour de nous, soufflait de mon côté : je mis la charge sur la conscience de mon frère sans pour cela décharger la mienne. Au contraire elle se trouva surchargée davantage. En voulant noircir mon frère pour me blanchir, je devins plus noir que lui.

« Si j’avais un jeune garnement comme tu en as un, je serais bien découragée », répondit la voisine. « Je crois que je lui attacherais les mains derrière le dos, la hache au cou, et je le promènerais dans la paroisse comme l’ours qu’on nous montrait l’autre jour. »

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