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Je confesse et quand la pratique languit, je sors de mon confessionnal pour te parler. Il est si doux de parler à une sœur qui est si complaisante. J’en étais rendu à mon fameux temps de collège. Le souvenir de ces années est si vivace que le bout des doigts m’en pétille. Cher Monsieur Churn ! Te rappelles-tu l’heureuse impression qu’il te fit quand sa face d’étoile filante ou même d’étoile filée, déroula pour la première fois ses charmes devant toi ? Tu lui en voulais de m’avoir cherché le cœur si bas, toi qui m’as toujours dit que si j’en avais un, il se trouvait sûrement dans la poitrine. Que d’épisodes se pressent sous ma plume à ce mot de collège ! Mais je les ai rabâchés si souvent qu’il suffit de prononcer : collège, pour que tu puisses t’amuser deux jours.

Tu as bien ri quand je t’ai raconté ma réponse sur la cause d’une guerre entre la France et l’Autriche :

— Ce n’est pas tout de connaître les événements de l’histoire, Messieurs, il faut en chercher la cause ; c’est ce qu’on appelle la philosophie de l’histoire. Lacasse, quelle fut la cause de la guerre dont nous parlons ?

— C’est parce qu’il y en avait un qui voulait battre l’autre…

La réponse était si juste qu’elle provoqua des applaudissements de fou rire parmi mes confrères. Dans ma naïveté, je croyais que notre professeur me décernerait

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