Page:Lacasse - Une mine de souvenirs, 1920.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je suis à parler d’accidents. Te rappelles-tu la moitié de mes accidents ? La tête cassée à 8 ans : c’est bien jeune pour se fêler la tête. Comme tu as pleuré quand je me suis jeté la jambe dans un chaudron de savon bouillant ; quand je me suis fait deux pieds à la même jambe avec une grande hache. Tu étais absente quand je me suis planté dans le pied un prunier avec ses branches et ses prunes. Quelles prunes amères ? As-tu gardé ce fameux morceau qui était resté dans le pied quatre mois ? Je te l’avais envoyé quand tu étais à Saint-Alphonse. Comme tu as souffert quand on m’a extrait un cancer de la poitrine, quand je me suis brisé trois côtes ; quand, pour la deuxième fois, je me suis cassé la tête et que j’ai été dans le royaume des génies incompris pendant une demi-lune. Je me rappelle que tu m’es demeurée fidèle et que tu disais que je ne serais pas toujours fou, que je reviendrais à mon état normal. En ceci je dois te dire que ton cœur généreux t’avait faussé pour la première fois le jugement.

Quelle anxiété n’as-tu pas éprouvée quand on est venu avertir la famille qu’une bûche m’avait tué au bois des écoliers. Inutile de te dire que je n’étais pas mort, puisque je vis encore. Quel coup terrible ! La moitié de la cervelle de partie, et dire que je ne m’en suis pas aperçu. N’est-ce pas

17