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dailles de la sainte Vierge, la Reine du Ciel. Cette reine est tellement puissante que son image va te protéger ainsi que ta femme et tes quatre enfants. » Natsipi en prit une, sa femme en prit deux pour elle et une pour chacun de ses enfants. Puis les deux chasseurs se séparèrent. À la fonte des neiges, le chef Estlo attendit vainement pendant neuf jours son compagnon d’une journée.

Rendu à Bethsiamits, il raconta au Père Arnaud la rencontre qu’il avait faite.

— Tu lui as donné une médaille de la sainte Vierge ?

— Oui, notre Père.

Il l’a reçue avec joie ?

— Oui, il paraissait bien content.

— Espère, mon cher Jean-Baptiste, la sainte Vierge va nous l’amener : prie beaucoup pour eux pendant la messe.

Le même jour où la lune était « ronde » (pleine lune) Natsipi arrivait avec sa famille à la décharge du lac, lieu convenu du rendez-vous avec le chef Estlo. Celui-ci n’y était pas, mais avant son départ il avait planté, dans le sol, deux gaules inclinées vers la mer, très rapprochées l’une de l’autre, et une droite. Natsipi et sa femme lurent aussitôt cette lettre ouverte, écrite en caractères vieux comme le monde. Le premier bâton disait : « Je pars pour la mer » ; le deuxième bâton : « Je vais aller à petites journées, très lentement, en t’attendant » ;

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