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nistère évangélique. Il baptise, catéchise, confesse, marie et administre l’Extrême-Onction aux mourants. Il est maître d’école au besoin. Par une disposition miséricordieuse de la Providence, 95 pour cent des sauvages meurent près de leur chapelle, suivant l’expérience de 60 ans du Père Arnaud, qui a passé sa longue vie au milieu d’eux.

Ce bon Père Arnaud, ce missionnaire célèbre, ce grand meneur d’hommes, a établi à Notre-Dame de Bethsiamits une résidence modèle de vie chrétienne. C’est lui qui a fait l’éducation de l’enfant Jean-Baptiste Estlo, qui devait devenir le chef respecté de la tribu. Ce chef fut un homme d’une conduite exemplaire, un homme qui, dans le bois comme à la mer, disait sa prière et son chapelet tous les jours avec sa famille. Il prêchait plus par l’autorité de l’exemple que par la parole ; il n’a jamais goûté la boisson et n’a jamais permis qu’il en fut apportée sur la réserve.

Ce vrai Charlemagne était un grand patriote qui voyait plus loin que le temps présent. Il voulait que sa race, la première placée par Dieu dans ce pays, se maintînt pure et sans alliage jusqu’à Ponasiolits, la fin du monde. Il disait que la langue française était très utile aux garçons, mais nuisible aux filles au point de vue du maintien de la race. Il ne vou-

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