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cupidité des marchands. Ceux-ci constatèrent la passion des sauvages pour les boissons fortes. Dans le but de les attirer à leurs magasins, ils échangèrent, à d’énormes profits, les pelleteries des sauvages pour de l’alcool.

Vous savez, chers lecteurs, que le sauvage est un vieillard décrépi dont la force de résistance est presque nulle. La loi du paganisme satanique n’impose aucune restriction aux mauvais penchants de la nature : c’est la loi du laisser aller de l’homme animal de saint Paul. Sous l’empire séculaire de ce manque d’énergie et de caractère, le sauvage en présence de la boisson est presque placé dans l’occasion prochaine de succomber.

Mgr de Laval a bien mérité de l’Église et de la patrie canadienne en établissant des peines très sévères contre les vendeurs de boisson. Il a été persécuté à cause de cela, et ce sera sa gloire éternelle.

Là où il n’y a pas de boisson, les sauvages réjouissent le cœur du missionnaire : ils pratiquent la religion aussi bien que les blancs et mieux que bien des blancs.

Mais depuis deux siècles la situation des sauvages a bien changé. La population a diminué de plus des trois quarts. Ils ne vivent plus exclusivement de chasse et de pêche ; ils s’habillent comme nous autres avec des tissus manufacturés. Pour la chasse le fusil a remplacé la flèche.

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